D’après le documentaire ARTE de Raphaël HITIER « Bien nourrir son cerveau ».

Une mauvaise alimentation peut avoir un effet néfaste sur notre santé tant physique que psychique. Manger trop gras ou trop sucré aurait effectivement un impact négatif sur notre cerveau ! Plusieurs études ont été menées en ce sens.

Notre mémoire impactée

Dans notre cerveau, il existe une zone appelée “hippocampe” dont les fonctions sont primordiales. L’hippocampe est effectivement en charge de notre mémoire émotionnelle et spatiale. Elle permet la construction de souvenirs et le stockage des informations. C’est aussi grâce à l’hippocampe que nous pouvons avoir un “sens de l’orientation”, que nous arrivons à nous repérer dans une ville ou à retrouver notre route. 

Cette région est ainsi indispensable pour le bon fonctionnement de la mémoire et de l’apprentissage. Pourtant, il semblerait que notre alimentation Occidentale puisse l’altérer et avoir même un impact sur sa taille.

En Australie, une expérience menée sur des rats nourris exclusivement de nourriture transformée montre leurs difficultés à se rappeler la présence d’un objet dans un espace donné. À l’inverse, les rats ayant un meilleur régime alimentaire ont un comportement différent, ils se souviennent de l’objet présenté.

Mais alors pourquoi ? Que se passe-t-il pour qu’une alimentation trop riche puisse avoir un tel impact sur notre cerveau ?

Réaction inflammatoire et système immunitaire modifiés

Plusieurs études (toujours sur des rongeurs) montrent qu’une si mauvaise alimentation (trop riche en sucre et graisse saturée) active notre système immunitaire. Ce dernier perçoit la malbouffe comme un danger pour l’organisme et déclenche alors une réaction inflammatoire. La barrière hémato-encéphalique sensée protéger le cerveau des molécules inflammatoires nouvellement libérées serait elle aussi touchée par cette mauvaise alimentation. Devenue inefficace, elle laisse ces molécules infiltrer le cerveau, détériorant ainsi des zones primordiales telle que l’hippocampe. Les neurones sont également touchés par ce phénomène inquiétant. 

Microbiote impacté, comportement modifié

Le système immunitaire n’est pas le seul à réagir dans notre organisme. Le microbiote intestinal entretient également un lien étroit avec notre alimentation. Situé dans notre système digestif, notre microbiote est composé de milliards de micro-organismes (levures, bactéries…). Son équilibre est fondamental pour permettre à notre organisme une bonne digestion, un système de défense immunitaire efficace et un métabolisme fonctionnel. 

Or, un régime alimentaire spécifique peut être à l’origine d’une modification du microbiote. Par exemple, un régime riche en fibres favorisera la richesse du microbiote intestinal tandis qu’un régime riche en graisse et pauvre en Omega 3 entraînera sa fragilisation et la disparition de certains types de bactéries. 

Cette modification du microbiote peut potentiellement perturber nos habitudes et orienter os choix alimentaires. Il a été prouvé suite à une expérience réalisée sur des mouches que certaines bactéries colonisant leurs intestins étaient à l’origine de leurs préférences alimentaires. C’est le cas également sur les mammifères. 

 

Ainsi, la composition de notre microbiote influe sur nos décisions donc sur notre cerveau et notre comportement en général. 

C’est effectivement possible grâce à la communication existante entre cerveau et intestin ; communication établie par le nerf vague. Si ce nerf est coupé, les effets liés à certaines bactéries disparaissent. 

Cette connexion neuronale permet également d’établir un lien entre alimentation et comportement émotionnel. Il semblerait qu’une alimentation trop riche en graisse et en glucose puisse avoir une grande influence sur nos humeurs et nos émotions. C’est particulièrement vrai chez les enfants. Des observations de leur comportement révèlent que ceux qui se nourrissent en grande quantité de junkfood sont colériques, tristes, anxieux… Cette alimentation crée effectivement des carences dans notre organisme ayant des répercussions sur les neurones. 

Qu'en est-il de nos pensées ?

Puisqu’une mauvaise alimentation se répercute sur notre mémoire et nos humeurs, peut être que nos pensées et raisonnements logiques sont eux aussi modifiés. 

Il faut savoir que nos capacités cognitives et de concentration viennent de la production de dopamine, une molécule chimique permettant la transmission des messages entre les neurones. Cette molécule est elle-même produite par un acide aminé, la tyrosine. Plus il y a de tyrosine dans le sang, plus il y a de dopamine présente dans notre système nerveux. 

Or, des études et analyses sanguines ont montré que le taux de tyrosine dans le sang évoluait en fonction de notre alimentation. L’acide aminée est particulièrement présent dans le fromage, la volaille, l’avocat, le chocolat, la banane… Ainsi, la consommation de ces aliments entraîneraient une production plus importante de dopamine et aurait des conséquences sur nos choix et nos comportements. 

Outre les aliments cités plus haut, le glucose entraîne également une réaction et une surproduction de dopamine. Cette dernière est alors aussi en mesure d’activer le circuit de la récompense et l’engrenage de l’addiction. 

Alimentation et addiction

Il existe effectivement une zone cérébrale appelée “circuit de la récompense”, lié au plaisir et à l’émotion. Cette zone est très sensible à la consommation du sucre. Or, nous pouvons remarquer chacun à notre échelle à quel point le sucre est présent dans notre environnement : desserts, sodas, propositions sucrées en tous genres mais également dans les plats transformés souvent chargés en glucose. L’addiction survient alors sans crier gare. 

Le système est le même que celui observé pour les drogues : à trop forte consommation de ce qui procure du plaisir, le circuit de la récompense réagit moins, les quantités doivent alors être augmentées pour retrouver cette sensation agréable. 

Des études menées sur des rats ont montré que ce mécanisme était aussi fort pour le sucre que pour la cocaïne. Le sucre possède donc bel et bien un impact sur notre cerveau. 

Quel comportement alimentaire adopter alors ?

Un régime riche en Oméga 3 semble être réellement important et ce, particulièrement chez l’enfant et l’adolescent en croissance. Les Omega 3 permettent effectivement une meilleure connexion neuronale en s’incorporant aux membranes des neurones et en les rendant plus flexibles. 

Le régime méditerranéen est ainsi recommandé pour lutter contre différentes maladies mais aussi pour un meilleur équilibre psychique. Il est riche en huile végétale, en poisson mais aussi en fruits, légumes, légumineuses. Il est ainsi source de fibres, polyphénols, vitamines et acide gras polyinsaturés dont les oméga 3 et 6. 

La diversité de l’alimentation fait également partie des recommandations alimentaires. Ne pas manger trop gras, abolir le sucre et manger varié permettrait ainsi d’assainir tout notre organisme mais d’optimiser également au maximum nos capacités cérébrales. 

Sources

Vazques Mairena, “Hippocampe, chef d’orchestre au plus profond de notre cerveau”, Cognifit.com. Consulté le 08.05.2022.

Béliveau Richard,“Malbouffe, une agression inflammatoire pour le corps”, in Le journal de Montréal, 4 juin 2018.

Hitier Raphaël, “Bien nourrir son cerveau”, Galaxie.

Thèse Djésia Arnone, “Influence de régimes hypercaloriques sur l’inflammation intestinale : rôle du microbiote intestinal et mécanismes physiopathologiques dans un contexte de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MCI)”, Sciences pharmaceutiques, 2019. 

Rigaud Nicolas, “Addiction au sucre : une réalité plutôt qu’un mythe”, Sciences&Santé (Paris), 2015, n°25, p.40-4.